dimanche 17 octobre 2010

♥ ♥ ♥

Enfin !

Booooooooon !
3 mois après être déménagée, mon coin de scrapbooking est *enfin* fonctionnel ! Ce n'est pas encore parfaitement à mon goût mais ça se rapproche de plus en plus !

Il aura presque fallu que je menace mon chum d'appeler son père à la rescousse pour que mes tablettes se posent et que le luminaire s'installe... mais là, c'est fait, j'ai pu vider le dessus du bureau et l'amménager comme il faut !

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Il reste quelques détails futiles comme... les poignées du meubles et un tabouret pour m'assoire. Et d'autres moins futiles comme des crochets pour suspendre des trucs sous les tablettes et des tuiles en liège pour punaiser des trucs au mur au dessus de mon plan de travail.

Mais sinon, c,est pas trop mal, hein, pour une scraproom d'appartement ?

J'suis bien contente, en tous cas !

mercredi 6 octobre 2010

L'arrivée de Siméon

Mercredi 8 septembre

Rien ne se passe. Et pourtant, aujourd’hui plus que jamais, je t’attend. Quarante semaines toutes rondes. Les heures passent, interminables parce que tu n’es pas là.

Jeudi 9 septembre

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Katerine, la sage-femme qui remplace Trista pendant les congés. Je décide de ne pas savoir combien de centimètres me séparent encore de toi. Je décide de ne pas intervenir tout de suite pour précipiter ton arrivée : après tout, on a encore le temps. Et secrètement, je ne veux pas accoucher là, maintenant. Trista est en congé jusqu’à mardi matin et c’est avec elle que je veux t’accueillir.

Dimanche, 12 septembre

Aujourd’hui, c’est le pique-nique annuel à la Maison des Naissance. Nous y allons tous les cinq… les bras vides. Nouvelle encourageante : je perd une grande partie de mon bouchon muqueux pendant la journée. Si la vue n’est pas très agréable, le sentiment qu’elle procure est bon : ça travaille doucement.

Mardi 14 septembre

Te voilà six jours « en retard ». Après un week-end sans faux espoir, j’ai rendez-vous avec Trista. Après les quelques taquineries d’usage, on passe aux choses sérieuses. Tranquillement, on commence à parler de divers test, de méthodes pour t’inciter à venir au monde et même d’un éventuel déclenchement à l’hôpital.

Je n’ai pas besoin de réfléchir très longtemps lorsque Trista me propose de vérifier l’état de mon col « avec un peu d’insistance » pour t’aider à te décider. Il ne reste plus que sept centimètres entre ton corps et mes bras.

Mercredi 15 septembre

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Quarante-et-une semaine. Après l’avoir gardé à la maison « juste au cas », j’envoi ton papa à l’université comme si de rien était. Aujourd’hui, c’est décidé, j’arrête de m’en faire et de me m’appitoyer sur ces sept jours de retard ! C’est décidé, d’ici à ce que tu sortes de là, je ne penserai plus à t’attendre. Je passe la journée à ne rien faire mais je suis de très bonne humeur.

Les heures passent. Une contraction par-ci, une autre par-là. Différentes, celles-là. Ce n’est pas encore « ça » mais on y arrive (inévitablement, surtout à 41 semaines !). À 16h30, je vais prendre un bain chaud. Pour la première fois de la journée, je pense à ton arrivée. Je vérifie mon col : déception ! Toujours au même point qu’hier.

Puis papa arrive de l’université. Avec lui, la frénésie de l’heure du souper. Curieusement, je ressens le besoin de rester cloîtrée dans mon bureau, loin de ce tourbillon. Aussitôt papa arrivé, les contractions commencent. Huit minutes. Sept minutes. Huit minutes. Elles sont plus longues, plus intenses. Je reste tranquille, devant l’ordinateur, loin du vacarme de la routine familiale.

Papa ne dit rien. Il s’occupe de tes frères et de ta sœur. Souper, devoirs, bains. Vers 19h, je n’ai plus de doute : c’est cette nuit que tu viendvras à notre rencontre. Les contractions sont plus rapprochées et plus longues. 4 minutes. 5 minutes. 5 minutes. Je commence à ressentir l’urgence de rapatrier ici tous ceux qui seront présent pour ton arrivée.

Je dis à papa d’appeler Mamie-Francine et de lui dire de mettre sa valise sur le bord de la porte. Il lui dit qu’on va la rappeler quand ce sera le moment de venir. De mon côté, je laisse un message sur la boîte vocale de Mamie-Réjeanne, un long message, coupé du silence d’une contraction, lui disant de se tenir prête.

L’urgence grandit encore. Est-ce que j’appele Trista ? Je me trouve bien ridicule de me poser encore la question, après avoir mis au monde trois enfants, ne devrais-je pas savoir ?

À 20h, une fois Florane, Antonin et Lionel couchés, je retourne sous la douche pour vérifier mon col. Les contractions sont longues et pénibles, espacées de trois ou quatre minutes. Mon col a changé. Je ne saurais dire à quel point, mais je sens bien la différence. Je reviens de la salle de bain émue et d’une main tremblotante d’émotion, je compose le numéro de téléphone de la sage-femme pour lui demander de venir.

20h20.
Trista et Julie (son étudiante) sont en route. Elles seront ici aux alentours de 21h30.

Un papa fébrile s’active dans le salon. Il y a tant de choses à faire et tout va si rapidement. Les meubles changement de place. Le futon s’ouvre et se recouvre de housse et de vieux draps. La piscine d’accouchement se gonfle… De mon côté, je met des couvertures et des serviettes propores dans la sécheuse. Je sors la bouilloire et le thé.

Mamie Francine est en route. Mamie Réjeanne n’est pas joignable. Je laisse un deuxième message, plus pressant : « Viens vite, sinon tu ne seras pas là à temps ».

Les contractions se rapprochent encore, je commence à avoir peur. Peur d’accoucher avant que Trista arrive. Deux minutes. Trois minutes. Deux minutes. Avec très peu de répis. Debout, j’ondule les hanches, le front appuyé contre le cadre de porte. J’ai drôlement hâte que la piscine soit prête pour pouvoir m’installer à mon aise, au chaud.

À 21h, les contractions sont si longues et si rapprochées que je dis à papa de vite rappeler Trista pour qu’elle se dépêche. Elles sont tous près, heureusement, parce que Trista demande à papa de ne pas me laisser aller dans la piscine tant qu’elles ne sont pas là ! Je n’en peux plus !

À 21h10, Trista et Julie arrivent. À la vitesse où elle déballent leur matériel, je dois avoir l’air tout près du but. J’ai du mal à parler et je « danse » continuellement. Julie exécute les petits geste de routine : elle prend ma tension, écoute ton petit cœur… Puis je demande à Trista de m’examiner, une seule fois, juste pour me donner une idée. Plus que trois centimètre entre toi et moi.

Je peux enfin m’installer dans la piscine. Quel bonheur ! L’effet est instantané ! Les contractions s’espacent légèrement, deviennent plus facile à gérer. L’eau chaude me fait du bien, l’apesenteur aussi. Je me calme enfin.

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La porte s’ouvre. C’est Sinclair, la deuxième sage-femme et Julianne, son étudiante, qui arrivent. Je déborde d’émotion. Par un heureux hasard, je me retrouve avec les deux mêmes extraordinaires sage-femmes que lorsque Lionel est né vingt mois plus tôt.

Arrive derrière eux une Mamie Francine anxieuse. Elle vient pour s’occuper de Florane et de Antonin, qui veulent assister à ta naissance. Elle est suivi de très près par Mamie Réjeanne, qui a visiblement couru comme une folle tant elle est essoufflée.

Mamie téléphone à ta marraine pour lui dire que tu t’en viens. Elle demande si elle peut venir, je dis oui. Elle appelle aussi ta tante Émilie pour la prévenir.

Avec tout ce monde qui arrive, mes contractions s’espacent. Six minutes. Sept minutes. Julie me rassure : c’est normal, des gens viennent d’entrer dans ma bulle. Après quelques blagues (ma mère trouve mon thermomètre flottant en forme de tortue bien drôle), je retourne m’enfermer dans cette bulle où nous travaillons ensemble tous les deux.

J’alterne les positions. Je m’assois entre deux contractions mais lorsque la suivante arrive, je me met à califourchon, le front appuyé sur le bord de la piscine. De temps en temps, je prend une contraction assise mais une petite partie de mon ventre n’entre pas sous l’eau… et on dirait que toute ma douleur se concentre à cet endroit précis.

À 22h48, j’ai envie pousser pendant une contraction. Je donne un petit coup et j’ai une drôle de sensation, comme un « pschhhht », puis l’envie de pousser cesse. Je dis à Trista que je crois que je viens de rupturer mes membranes, en lui décrivant la sensation. Je ne suis pas certaine parce que je n’ai jamais perdu les eaux spontanément avant… et encore moins dans une piscine ! Trista me dit que je peux vérifier avec mon doigt, essayer de gratter un peu pour voir si ça perce. Tout ce que je sens, c’est la rondeur de ta tête.

Les gens commencent à s’activer dans le salon. On ajoute de l’eau chaude dans la piscine. Quelqu’un part pour mettre la sécheuse en marche pour réchauffer les serviettes. Mamie Francine va réveiller Florane et Antonin et revient avec Lionel dans les bras.

La contraction suivante est différente. Plus directe, plus puissante. J’ai envie de pousser. J’ai l’impression que mon bassin va éclater. Papa vient me rejoindre dans la piscine et commence à me masser le dos pendant que je reste là, à genoux dans l’eau chaude, à vocaliser doucement pendant les contractions. Je pousse, mais je ne suis pas à l’aise dans cette position. Entre deux contractions, je m’assois entre les jambes de papa, appuyée contre lui.

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Tu arrives.

Tout le monde nous encourage doucement. Je pousse. Puis entre deux poussée, je demande si tu as beaucoup de cheveux. On me dit que oui, tu en as beaucoup. Je pousse encore, je sens ta tête qui naît doucement. Puis la contraction s’arrête brusquement. Je suis envahi par une douleur puissante, indescriptible alors que tu restes là, suspendu entre l’eau dedans et l’eau de dehors, la tête née à moitié. L’attente, dans cette situation, me semble interminable. Je te caresse le front doucement, en pleurant de joie et de douleur.

Une contraction arrive enfin. Je te sens tourner, alors que ta tête n’est toujours pas née en entier. Puis, soulagement ! Ta tête sort enfin. À 23h01, le reste de ton petit corps vient lui aussi au monde et je te serres enfin contre mon cœur.

Le temps s’arrête. L’espace d’une seconde, il n’y a plus que toi et moi. Tu pleures et tu pleures encore. Et moi donc. Puis, une voix nous ramène. Mamie-Réjeanne qui demande à Florane si elle voit « qui » tu es. Je t’écarte brièvement de moi… « Siméon, bonjour Siméon… ». Un autre petit garçon.

Après t’avoir reniflé et caressé longuement, je m’approche du bord de la piscine pour te présenter à Florane et à Lionel (Antonin aura finalement décidé de rester couché). Tu es magnifique. Tu ressemble à Antonin, si seulement il te voyait. Tu es recouvert de vernix, ce qui me semble bien étrange compte-tenu de ton retard.

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Je te partage enfin avec ton papa. C’est inconfortable, à cause du cordon, mais il palpite encore, c’est hors de question de le couper. Papa te respire et t’admire à son tour pendant que Trista me demande d’essayer de pousser un peu pour expulser le placenta.

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Je n’y arrive pas.

Notre cordon a cessé de battre, il est temps de le couper. Je te prend donc à nouveau dans mes bras et c’est moi qui met fin au lien qui t’uni à moi.

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Ensuite, papa sort de la piscine et s’en va faire du peau-à-peau avec toi sur le futon ouvert pendant que je sors de l’eau à mon tour. Notre placenta refuse toujours de se décrocher. Je pousse en vain. J’essaie de t’allaiter pour que tu m’aides mais tu n’as pas très faim.

S’il n’a fallu que quelques minutes pour que tu viennes au monde, il aura fallu presqu’une heure et une dose d’Angélique pour venir à bout du placenta. On a bien failli devoir être transférés, sur celle-là ! Mais finalement, quarante-neuf minutes après ta naissance, j’y suis enfin arrivée !

(Pour l’anecdote, Julianne est revenue dans le salon en disant qu’on avait un très beau placenta tous les deux, en forme de cœur…)

L’heure qui suit reste vague dans ma mémoire. Beaucoup de gens qui s’activent à remettre le salon dans un état normal. La piscine qu’on vide, les draps qu’on change. Sutures, massage de ventre, assiette de fruits et de fromage. Sinclair qui part avec Julianne. Ta tante Émilie qui arrive. Ta marraine qui s’en va. Mamie Francine qui essaie de mettre Florane et Lionel au lit.

Puis vient l’heure de t’examiner et de te peser. Tu es parfait, tout beau, tout rose. Une fois que c’est confirmé, tout le monde qui reste s’en va. Sauf Mamie Francine qui va dormir ici.

À 1h45, on se retrouve seuls, toi, papa et moi, dans notre lit, peau à peau.

Je n’ai pas beaucoup dormi, cette nuit-là, encore trop ébranlée d’avoir une fois de plus donné la vie à un si beau trésor. Mon quatrième et dernier miracle.

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Siméon Léandre Côté
15 septembre 2010, 23h01
57 cm - 4050 grammes